De Jean-Luc Godard à la Maison Monet, 30 idées pour profiter du week-end et des journées du patrimoine
Cette semaine, journées du patrimoine oblige, l’art et l’histoire vont forcément s’inviter dans votre week-end. Nous vous avons préparé une petite sélection des nouveautés de l’édition 2022, mais la musique, l’art contemporain ou les séries télévisées ne sont pas oubliés. Nous rendons également hommage à Elizabeth II mais aussi à Jean-Luc Godard, dont nous avons appris la mort hier. Enfin, nous vous emmenons faire un tour en train dans les paysages majestueux des Pyrénées.. Prenez soin de vous et portez-vous bien !
7 idées de sorties et d’activités

Sandrine Bonnaire est la présidente du jury de l’édition 2022 des Rendez-vous de la fiction.
(Sadaka Edmond/Sipa)
- On découvre la fiction télé de demain avec les séances grand public des Rendez-vous de la fiction de La Rochelle (Charente-Maritime), qui se déroulent jusqu’à dimanche. Le programme complet est par là
. - On admire les œuvres exposées lors de la 16e biennale d’art contemporain de Lyon (Rhône), qui débute aujourd’hui pour trois mois et demi. Pour en savoir plus, c’est par ici
. - On se pose dans le parc de la Villette, à Paris, pour écouter les concerts de M, Patrick Bruel, Pete Doherty ou encore Mickey 3D, invités du festival Paris Paradis de vendredi à dimanche. Horaires et tarifs sur le site du Parisien
, qui organise l’événement. - On fête la fin des récoltes de raisins à Nîmes (Gard) à l’occasion de la traditionnelle féria des vendanges. La liste des festivités est à retrouver ici
. - On s’immerge dans la langue des signes à l’occasion du festival Sign’O, à Toulouse (Haute-Garonne), de vendredi au dimanche. Théâtre, contes et animations sont au programme
de ce rendez-vous unique dont le point culminant sera une « Deaf Party » inédite. - On fait le tour des artistes électro du moment au festival Scopitone à Nantes (Loire-Atlantique), d’aujourd’hui à samedi. Certaines soirées sont déjà complètes mais il reste encore quelques places sur la billetterie en ligne
. - On découvre des lieux uniques et secrets, samedi et dimanche dans toute la France, à l’occasion des Journées du patrimoine.
Voici notre sélection des cinq nouveautés de cette édition 2022 :
- C’est l’événement de cette édition : l’inauguration et l’ouverture, samedi, de la Maison Monet à Argenteuil (Val-d’Oise), un nouveau musée consacré au célèbre peintre et aux impressionnistes. Rendez-vous sur ce site
pour en savoir davantage. - Le Palais Rameau, une magnifique halle d’exposition florale construite au XIXe siècle à Lille (Nord) et dans laquelle une école d’ingénieurs est en train de s’installer, se dévoile. Plus de renseignements sur le site de la ville
. - L’hôpital de Tulle (Corrèze) propose une visite guidée inédite et exceptionnelle de son ancien bloc opératoire, l’un des plus vieux, conservés dans son jus depuis les années 1950, samedi et dimanche. Sur réservation au 06 75 80 63 33. Plus de détails ici
. - Pour la première fois à Concarneau (Finistère), un banquet médiéval est organisé en Ville-Close au sein du campement médiéval de la Maisnie de Kistreberh présent tout le week-end à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine. Inscriptions en ligne
. - Le technicentre SNCF des lignes normandes, où sont réparés, entretenus et nettoyés les trains du réseau régional, ouvre ses portes pour la première fois au public samedi, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime). Réservation obligatoire sur affluences.com
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Le classique à revoir : The Queen
Alors que le Royaume-Uni a commémoré les vingt-cinq ans de la disparition de la princesse Diana et pleure celle, survenue jeudi, de la reine Elizabeth II, c’est le moment de revoir The Queen (2006), de Stephen Frears, qui reconstitue la façon dont le palais de Buckingham a géré la tragédie du pont de l’Alma.
Le 31 août 1997, le monde est sous le choc en apprenant la mort soudaine de Lady Di à Paris. Outre-Manche, une vague de chagrin submerge la population, Tony Blair, tout juste élu Premier ministre, exprime sa peine sans attendre. Mais, retranchée dans son château écossais de Balmoral, Elizabeth II se mure dans le silence, ce qui passe pour de l’indifférence voire du mépris. Face à la colère de l’opinion publique, Tony Blair refuse de profiter de la situation et, à la surprise de ses proches, prend le parti de la reine, l’incitant à réagir…
Ce drame raconte les coulisses de ce chapitre-clé de l’Histoire britannique et les rapports de force entre la souveraine et son Premier ministre. Stephen Frears ose critiquer ouvertement, et avec la causticité qui le caractérise, la monarque qu’il dépeint comme conservatrice, impitoyable mais aussi en peine à s’adapter à un monde qui change. Dans le rôle-titre, Helen Mirren est prodigieuse, une prestation qui lui vaut le prix d’interprétation à la Mostra de Venise ainsi que l’Oscar de la meilleure actrice. (S.B.)
Lire aussi – Elizabeth II : 70 ans de règne qui ont inspiré le cinéma et la télévision
Disponible sur l’ensemble des plateformes de VOD ainsi qu’en DVD et Blu-ray.
La liste de la semaine : les 5 films de Godard qu’il faut voir pour comprendre son importance dans l’histoire du 7e art
Jean-Luc Godard
, c’est le grand cinéaste que tout le monde place au Panthéon du 7e art sans vraiment connaître son œuvre. Pourtant, le réalisateur franco-suisse a su repenser le cinéma. Voici la preuve par cinq films qu’il faut avoir vu pour comprendre pourquoi la figure iconique de la Nouvelle Vague est si importante :
- À bout de souffle (1960) : le deuxième film de Godard est aussi son manifeste. Tout y est. Jean-Paul Belmondo, qui invente la cool attitude, incarne un anarchiste poursuivi pour le meurtre d’un motard qui rencontre une belle Américaine (Jean Seberg). Un polar sentimental qui a chamboulé la syntaxe du cinéma : à chaque plan, Godard livre une idée de mise en scène qui a marqué l’histoire du 7e art.
- Le Mépris(1963) : Michel Piccoli incarne un scénariste qui se rend, avec son épouse (Brigitte Bardot), à Capri (Italie) pour terminer le scénario d’un film. Dans ce décor idyllique, le couple finit par se déchirer, à force de malentendus et de mépris réprimé. Dans ce grand film sur la lâcheté humaine, « BB » est érigée en icône instantanée du cinéma au même titre que Georges Delerue, le compositeur de la célébrissime musique du film. Godard, lui, continue d’inventer derrière la caméra.
- Pierrot le fou (1965) : un grand film romantique dans tous les sens du terme qui brouille la frontière entre la passion et la folie. L’histoire d’un père de famille bourgeois et sa baby-sitter (Jean-Paul Belmondo et Anna Karina) qui plaquent tout et partent vers le Sud pour vivre leur amour interdit. Godard innove cette fois, mélangeant les genres : il enchaîne le polar noir, la comédie quasi-cartoonesque, le film lyrique – le monologue de Raymond Devos a marqué les esprits – et la romance mélancolique.
- Sauve qui peut (la vie) (1979) : après dix ans de documentaires et d’expériences filmiques, Godard revient à la fiction avec ce film éminemment politique. Le long-métrage se sépare en quatre tableaux qui décrivent les angoisses et aspirations de personnages broyés par la société. Jacques Dutronc, Isabelle Huppert et Nathalie Baye tentent de se démener pour (sur)vivre dans des scènes toujours en mouvement, avec une caméra toujours plus libre.
- Histoire(s) de cinéma (1988-1998) : en quasi-retraite des plateaux, Jean-Luc Godard accumule en solo, sans équipe, les images pour concevoir, d’abord en 1988 puis en 1998, un maelström visuel. Il est difficile de résumer Histoire(s) de cinéma tant les deux films qui portent ce nom tiennent de l’expérience artistique. Le cinéaste conçoit des tableaux dans lequel se croisent Hitchcock, Manet, Welles, ses anciens amis de la Nouvelle Vague, des hommes d’État qui ont fait l’Histoire. Démiurge, Godard invente presque un genre : l’autobiographie impressionniste, dans laquelle, à l’image des tableaux de Monet, il dépeint par petites touches son histoire et celle du cinéma.
Lire nos articles sur Jean-Luc Godard :
Le cinéaste Jean-Luc Godard, pilier de la Nouvelle Vague et iconoclaste du septième art
« Vous avez écrit un pâté » : quand Jean-Luc Godard conseillait à Niels Arestrup de ne pas être scénariste
1 oeuvre en 1 minute : Le Marché aux chevaux de Rosa Bonheur

Rosa Bonheur, Le Marché aux chevaux, 1855, huile sur toile.
(The National Gallery, Londres)
La peintre française Rosa Bonheur (1822-1899) a été très célèbre à la fin du XIXe siècle, en France mais aussi à l’étranger, comme aux États-Unis, pays très friand de ses œuvres. Le Marché aux chevaux est par exemple un tableau appartenant aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art de New York. Cette œuvre ne voyage pas en raison de sa fragilité et de son très grand format. Une autre version existe, appartenant à la National Gallery de Londres, et c’est elle que nous vous présentons et que les visiteurs français peuvent admirer dans une exposition en cours à Bordeaux puis à Paris.
Rosa Bonheur a peint toute sa vie les animaux, sauvages ou domestiques. Elle a choisi de les représenter en majesté sur des toiles monumentales, un format réservé plutôt à la peinture d’histoire. Le Marché aux chevaux de New York mesure 5 mètres de large et plus de 2 mètres de haut ! La version londonienne est deux fois plus petite, mais imposante tout de même avec 2,54 mètres de large et 1,20 mètre de haut. Selon les commissaires de la rétrospective actuelle, ce second tableau a sans doute été réalisé avec l’aide de sa compagne Nathalie Micas.
La foire équine représentée par Rosa Bonheur se tenait boulevard de l’Hôpital dans le XIIIe arrondissement de Paris, non loin de l’hôpital de la Salpêtrière dont on aperçoit le dôme au fond à gauche. La peintre animalière est allée plusieurs fois étudier ce marché, s’habillant en pantalon pour l’occasion – elle avait reçu une autorisation préfectorale pour se vêtir en homme. Elle s’intéressait en particulier à la race des percherons, des chevaux puissants, à la croupe épaisse et musculeuse, dont elle montre toute la force, presque rebelle, dans ce tableau. Elle crée un effet de mouvement circulaire, une accélération presque cinématographique : les montures sont au pas à gauche, se cabrent ensuite, s’élancent et partent au galop. Un cheval blanc, qui se rebiffe au centre, nous regarde directement, nous interpelle. Rosa Bonheur donnait une individualité aux animaux, les portraiturait. (M.-A. K.)
Lire sur le sujet – À Bordeaux puis à Paris, une exposition dévoile la peintre Rosa Bonheur en majesté
À voir dans l’exposition « Rosa Bonheur (1822-1899) » au musée des Beaux-Arts de Bordeaux jusqu’à dimanche puis au musée d’Orsay à Paris à partir du 18 octobre.
Les premiers mots : Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon
Pour la collection « Ma nuit au musée » de son éditeur, Lola Lafon a choisi de passer sa nuit dans l’annexe du musée Anne-Frank. Pourquoi a-t-elle fait ce choix ? En mémoire d’Ida Goldman, sa grand-mère maternelle née en Pologne autour de 1914.
Dans des pages politiques et personnelles, Lola Lafon évoque les siens. Les règles familiales non inscrites et comprises de tous : ne pas se faire remarquer, ne pas trop parler de la Shoah, aimer la France. Quand tu écouteras cette chanson est un récit sur l’exil, la douleur, le futur. Lola Lafon a remplacé la mélancolie par la mélodie. Tout parle ici de générosité. (M.-L.D.)
Retrouvez notre critique dans cet article


En partenariat avec le Théâtre national de Chaillot
Le spectacle à ne pas manquer – s’initier aux portés acrobatiques
Événement – À l’occasion des Journées européennes du patrimoine, les acrobates de la Compagnie XY vous ont concocté un programme festif : visites du théâtre de Chaillot, répétitions ouvertes, ateliers de portés acrobatiques, ateliers de Lindy Hop et bien d’autres surprises. À ne pas manquer les samedi 18 et dimanche 19 septembre à Chaillot – Théâtre national de la Danse.
Où ? Chaillot – Théâtre national de la Danse, M° Trocadéro. À quel prix ? Gratuit. Informations pratiques : https://theatre-chaillot.fr/fr/saison-22-23/compagnie-xy
Le week-end clés en main : un train hors du temps

Le train jaune parcourt notamment la vallée de la Têt.
(jcmilhet/Pyrénées Orientales Tourisme)
C’est un des trains patrimoniaux français les plus emblématiques : depuis sa mise en service, en 1904, le « train jaune » parcourt inlassablement les 62,5 kilomètres de la ligne de chemin de fer de Cerdagne (Pyrénées-Orientales). Celle-ci fait le lien entre Villefranche-de-Conflent, au pied du Pic du Canigou, et Latour-de-Carol, à la frontière espagnole. La ligne, certes utilisée au quotidien par les habitants, est un emblème de la région qui a été classé en 2002 sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’Unesco.
Tout débute à Villefranche, donc. À quelques kilomètres de là, sur les hauteurs, vous atteindrez Vernet-les-Bains, belle station thermale logée au pied du Canigou. La montagne, exceptionnelle par sa beauté, peut être gravie pour les plus courageux. Ne ratez pas la visite de la sublime abbaye de Saint-Martin-du-Canigou, qui domine le paysage.
Il est temps de prendre le train. Circulant à 30 km/h, il enchaîne les ponts et les flancs de coteaux en douceur. Sur votre parcours, vous passerez par Bolquère, la gare la plus haute de France, culminant à 1593 mètres d’altitude. Entre ciel et forêt, le train traverse les précipices, empruntant les ouvrages d’art exceptionnels. Deux d’entre eux sont classés monuments historiques : l’impressionnant Viaduc Séjourné et sa double arche de 65 mètres de haut, puis le pont Gisclard, le dernier pont ferroviaire suspendu de France. Frissons garantis.

La citadelle Vauban à Mont-Louis.
(RETP Mont-Louis)
Au fil des mille mètres de dénivelé, les étapes possibles sont nombreuses. Le Musée de Cerdagne, dans l’ancienne ferme Cal Mateu, à Sainte-Léocadie, vous renseignera sur le patrimoine local. Jouxtant la ferme, la vigne la plus haute d’Europe donne un vin blanc rare, vendu sous le nom de Clos Cal Mateu.
À Mont-Louis, la citadelle Vauban, l’un des rares ouvrages de l’architecte à avoir été peu remanié, impressionne par ses dimensions et sa position stratégique. Il est également possible de voir plusieurs témoignages du premier art roman avec les églises de Ria, de Corneilla-de-Conflent et d’Ur.
Mais c’est bien la nature qui reste en majesté avec ses paysages de montagne magnifiques. Le train traverse une grande partie du parc naturel régional des Pyrénées catalanes. Vous trouverez à la maison du parc, à Olette, tous les renseignements nécessaires, à commencer par les itinéraires de randonnée et les propositions d’excursions.
Où ? Le « train jaune » est facilement accessible en… train, depuis Perpignan. Si, en haute saison, des bus sont disponibles pour rallier les différents points d’intérêt, une voiture sera peut-être indispensable pour certaines destinations.
Quand ? La ligne fonctionne toute l’année, hormis certaines périodes hivernales, notamment quand les voies ferrées sont enneigées. Les paysages se renouvellent à chaque saison, offrant une expérience dépaysante différente.
À quel prix ? Le chemin de fer de Cerdagne est une ligne TER classique et la grille tarifaire normale s’applique.
Notre rubrique « La recette gourmande » revient bientôt.