Des cigognes blanches de passage début août dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales : comment expliquer cette migration précoce ?

C’est avec précocité que les premiers vols de cigognes blanches ont été recensés dans les Pyrénées-Orientales et dans l’Aude en ce début août 2022. Faut-il y voir des dates exceptionnelles ? Oui, selon François Gallon, ornithologue à CerCaNature et responsable du spot de migrations à Eyne.

« Cette année est exceptionnelle, nous allons avoir plein de surprises en termes de migrations! » annonce François Gallon, responsable du spot de migration à Eyne. Et les surprises ont bel et bien commencé. Témoins, les premières cigognes blanches observées à Perpignan et à Souanyas le 1er août.

 

Une quarantaine d’oiseaux observés à Perpignan

Alors certes, des observations en juin et juillet en Cerdagne ont déjà été faites, 3 à 4 individus ou des cigognes isolées, que l’on nomme des erratiques. Mais cette fois-ci, le groupe est plus important, une quarantaine d’oiseaux observés à Perpignan.

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« Et nos collègues du spot de Gruissan, premier centre national d’observation pour les oiseaux de mer et les cigognes, en ont déjà comptabilisé plus d’un millier, » ajoute François Gallon. « C’est vraiment précoce et les ornithologues basés dans l’Aude ont été très surpris, puisqu’en général elles sont observées après le 15 août et jusqu’en septembre. Quelques Ibis falcinelles sont également partis, ils ne devraient pas tarder à être rejoints par des Flamants roses. » Les conditions climatiques sont responsables de ces migrations précoces, mais pas uniquement.

« Des Faucons qui migrent début octobre, sont déjà passés en juillet »

« Possiblement, les incendies dans le sud les ont fait fuir de leur lieu de nidification, dans le Gard, en Camargue. Et à y être, les cigognes ont pris le chemin des migrations. Mais, si elles trouvent des milieux aquatiques encore actifs pour se nourrir de batraciens aux alentours de Perpignan, elles prolongeront leur halte. » 

Pour l’instant, aucune cigogne blanche n’a été vue au spot d’Eyne. En revanche, les ornithologues montagnards ont déjà vu des espèces qui sont communément observées….fin septembre début octobre ! « J’ai observé trois Faucons kobez qui sont passés ensemble. Là effectivement, on peut dire qu’il y a de la précocité ! J’ai également compté des Faucons hobereau qui migrent fin août. » 

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La canicule et le manque d’eau ont généré moins de production de fruits et donc moins d’insectes

Un problème d’alimentation pour ces faucons insectivores ? « Certainement. Nous avons aussi un gros problème également avec les Hirondelles rustiques qui commencent à passer sur Eyne alors qu’elles partent en septembre. La consommation de petites mouches de fruits a été stoppée par l’utilisation d’insecticides. Mais également, la canicule et le manque d’eau ont généré moins de production de fruits et donc moins d’insectes. La migration est liée étroitement à la nourriture. Si celle-ci se fait rare, les oiseaux font rapidement des réserves pour partir. » 

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L’ensemble des facteurs cumulés, météo, incendies et les solutions insecticides ont provoqué des passages migratoires précoces inédits et surprenant pour les ornithologues.