La bière catalane Cap d’Ona se fait un nom
Publié le 8 oct. 2022 à 14:00
Un temple de la bière… en Catalogne. La brasserie-distillerie Cap d’Ona vient de remporter une nouvelle distinction : celle de meilleure bière brune du monde – décrochée lors des World Beer Awards 2022, en Angleterre – pour sa Wood Aged Brune, concoctée au seigle de Cerdagne et vieilli en barrique de grands nuits-saint-georges (pinot noir) pendant un à trois ans. Une « apothéose », selon Gregor Engler, fondateur de la maison en 1998, qui fait suite à de nombreux prix : meilleure bière avec spiritueux du monde en 2021 ; meilleure bière au seigle du monde en 2020 ; meilleure blonde type belge du monde en 2019.
En vingt-quatre ans, la brasserie artisanale basée à Argelès-sur-Mer, dans les Pyrénées-Orientales, a été médaillée d’or une cinquantaine de fois lors de concours brassicoles nationaux et internationaux. Petit-fils de brasseur lorrain et formé à l’Institut français de la brasserie et de la malterie à Nancy, Gregor Engler s’est distingué en créant des bières rares à base de fruits frais bio locaux, avec le concours de son épouse et associée, Elodie Pujol, issue d’une famille d’agriculteurs en Vallespir.
« Philosophie »
La première bière fruitée a puisé son arôme dans les cerises du verger de Céret. D’autres innovations ont suivi : bière blanche à la pêche du Roussillon, bière rousse de Noël aux marrons, bière blonde au banyuls rimage… A venir, une gamme houblonnée très épaisse, dite « Neipa », qui sera elle aussi revisitée avec des fruits catalans. « Nous produisons avec le meilleur de notre territoire. Il y a 1 kg de fruits bio, de saison, dans 1 litre de bière. Cela nous distingue des productions industrielles », insiste Elodie Pujol. Les produits oscillent entre 4,5 et 10 degrés d’alcool.
En deux décennies, la production est passée de 500 hl annuels à 5.000 hl, avec une gamme de 30 bières, principalement vendues entre Perpignan et Barcelone. « Nos bières sont parfois dégustées dans des coupes à champagne et s’invitent au menu de grands restaurants, comme celui des trois frères Roca, à Gérone », s’enorgueillit Gregor Engler. Il développe aussi une activité de distillation avec du whisky ou des gins aux pétales de fleurs.
Cap d’Ona lance la réalisation d’un nouveau site de production, à Céret, sur la friche d’une ancienne usine de bouchons, pour près de 7 millions d’euros. « La place nous manque à Argelès. Dès qu’un produit sort, il est trop vite en rupture, parfois en une semaine. Et la demande est croissante », constate le dirigeant. Le futur site devrait permettre de passer à 15.000 hl par an, trois fois la capacité actuelle.
Le site d’Argelès, qui comprend un bar et la distillerie, sera conservé. Il accueillera un point de recyclage de bouteilles pour la clientèle locale. Cap d’Ona emploie 20 salariés pour un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros. « Nous pourrions réaliser 20 millions d’euros et être distribué en GMS [grandes et moyennes surfaces, NDLR]. Mais ce n’est pas notre philosophie », conclut Elodie Pujol.