la fromagerie Chêne Vert recycle ses rejets en énergie
Le PDG détaille : « Pour 1 litre de lait traité, la fromagerie consomme en moyenne 2 litres et demi d’eau. » Ce qui consomme le plus, ce n’est pas le processus de fabrication du fromage, mais bien les étapes de lavage nécessaires à l’aseptisation du matériel et à celle des surfaces. Chaque salle de l’usine est complètement lavée tous les jours, après la fabrication. Alors, chaque geste compte : le site est équipé d’un surpresseur d’eau et les eaux utilisées dans le dernier cycle de lavage des machines sont recyclées dans le premier rinçage du cycle suivant.

Stéphane Klein / “Sud Ouest”
Méthanisation du “petit-lait”
Pierre Desport aimerait aller plus loin : « L’étape suivante, c’est de mettre en place un système de dépollution des eaux usées afin de les réutiliser, mais c’est complexe parce qu’il faut respecter les normes sanitaires. » Un vrai défi, alors que la fromagerie consomme 5 millions de litres de lait de chèvre par an.
« Avec le méthaniseur, c’est un échange gagnant-gagnant. Ça nous évite une dépollution coûteuse »
Les trois quarts du lait de chèvre traité pour la fabrication du lait caillé, et donc du fromage, sont a priori perdus. Ces rejets constituent le lactosérum, plus connu sous le nom de « petit-lait ». Grâce à sa concentration protéique, une partie de ce sérum est réemployée dans l’alimentation porcine, par les éleveurs de la région. Mais sa seconde vie sert aussi à produire de l’énergie. Une partie des eaux utilisées pour le nettoyage des bacs part avec le sérum en direction du méthaniseur de Saint-Aquilin.

Stéphane Klein / “Sud Ouest”
Du carburant pour les agriculteurs
Une fois acheminé au méthaniseur, le résidu aqueux sert à liquéfier les matières sèches, autrement dit le fumier, utilisées pour la fermentation. Ce mélange organique permet entre autres de produire du biogaz, utilisé comme carburant par les agriculteurs. En parallèle, la chaleur dégagée par la méthanisation est utilisée pour sécher du fourrage, tel que la luzerne, aliment principal des caprins. « Nous travaillons depuis sept ans en partenariat avec le méthaniseur, et c’est un échange gagnant-gagnant. Ça nous évite une dépollution coûteuse », expose Pierre Desport.

Stéphane Klein / “Sud Ouest”
Au-delà de la fabrication, la question des ressources en eau touche toute la filière. À cause de la sécheresse, la saison a été mauvaise du côté de la production de fourrage. Le prix du fromage de chèvre a donc grimpé avec celui du lait : le Chêne Vert a augmenté ses prix de 10 % en moyenne. Au lieu de la traditionnelle négociation annuelle des prix, l’entreprise a dû procéder à deux hausses successives depuis le début de l’année.