L’installation de Barcelonnais chamboule l’immobilier et les habitudes en Cerdagne

Sur la commune d’Estavar (Pyrénées-Orientales), la construction d’une résidence ne plaît pas à certains habitants. Ils craignent que l’arrivée massive de nouveaux habitants, essentiellement espagnols, perturbe encore plus le quotidien du hameau de Bajande. Le maire de la commune dit rester vigilant face à un phénomène qu’il juge quand même indispensable pour l’économie de la Cerdagne.

De nouveaux propriétaires oui mais…

« Mathématiquement, ce sera une source d’ennui », regrette Emmanuel. Cet habitant du hameau de Bajande à Estavar regarde la construction d’une résidence de luxe à quelques mètres de chez lui avec beaucoup d’inquiétude. Au programme, « un projet éco, conçu pour le télétravail » de six maisons et 26 appartements essentiellement réservés par des Barcelonais. Un projet qui ne pousse pas de terre par hasard selon Arturo Bossy, l’architecte : « Il y a eu une étude de marché, et clairement, il y avait une envie de Cerdagne, et de projet écolo. C’est pour ça que 90 % de la résidence sera avec du matériel écologique ».

En tout, cette résidence va proposer six maisons et 26 appartements à une clientèle essentiellement espagnole
En tout, cette résidence va proposer six maisons et 26 appartements à une clientèle essentiellement espagnole © Radio France
Nina Valette

Un argument qui laisse Emmanuel de marbre : « Avec la population actuelle, certains jours de congés espagnols, nous avons des problématiques pour accéder ou sortir du hameau. Le flux de voiture va augmenter aussi avec ce projet ». Ce qui inquiète ce Catalan, c’est l’arrivée massive d’Espagnols sur la commune depuis plusieurs années. 

Un phénomène qui s’amplifie depuis la crise sanitaire. Et le problème de cohabitation sur la route n’est pas le seul point noir pour le propriétaire présent depuis 40 ans. « Le prix de l’immobilier va grimper aussi. Déjà que les gens d’ici ont de plus en plus de mal à s’installer. Tout ça pour des Barcelonais qui vont venir dormir un week-end ! »

« Tout ça pour des Barcelonais qui vont venir dormir un week-end. » – Emmanuel, habitant du hameau de Bajande à Estavar

« C’est un hameau dortoir », ajoute Michelle, la femme d’Emmanuel. Depuis quelques années, le couple voit les maisons secondaires pousser de terre, avec « des populations volatiles », c’est-à-dire des habitants qui ne viennent que quelques jours dans l’année. « Ce projet, c’est exactement la même chose », s’agace l’habitante.

Certains voisins dénoncent le nouveau projet immobilier
Certains voisins dénoncent le nouveau projet immobilier © Radio France
Nina Valette

Des inquiétudes qu’entend totalement le maire de la commune Laurent Leygue. « Certes, cette arrivée dynamise la Cerdagne. En revanche, ce sont de nouvelles personnes qui arrivent de milieu urbain avec des exigences aux antipodes de notre mode de vie. Par exemple, la semaine dernière, quelqu’un est venu me voir parce qu’un arbre gâchait la vue sur les montagnes. Il y a quelques jours, c’était pour se plaindre des feuilles du voisin qui venaient sur leur terrasse, » raconte l’élu. 

Laurent Leygue ajoute : « Ils veulent venir ici comme s’ils étaient en vacances. Mais ce n’est pas ça ! Et ça va être un des défis de l’avenir s’il y a une augmentation des résidences secondaires qui deviennent principales par des gens qui viennent du milieu urbain. Parce qu’ils sont indispensables à notre économie ».