Planeur La Llagonne | Bienvenue sur le Site de l’AALL

Après un samedi très compliqué pour sortir du local, ce dimanche n’avait rien de comparable. Mais avant d’être en l’air, rien ne pouvait le laisser penser. Tout commence dans une mini confluence au dessus du rocher d’escalade de Barres qui me hisse à 3200m.De là, les cumulus semblent avoir une logique, contrairement à hier. J’ai décollé le premier, les performances de mon planeur font que, un peu d’avance n’est jamais de trop…Je passe le Pedros avec le DG1000 et enchaine rapidement vers San Julia. Très bonne pompe à la verticale des boutiques de parfums, mais la priorité est ailleurs…Je traine à peine sur Coma Pedrosa puis attrape le Monteixo, toujours fidèle à sa réputation. Là, je croise beaucoup de planeurs qui arrivent de l’ouest et ont décollé très tôt. Ils n’évoquent pas de conditions fumantes à la radio mais s’ils sont là, c’est faisable! Le DG est déjà sur San Maurici, donc en avant.


Esteri ne pose pas de difficultés et j’arrive plutôt haut sur le barrage des Encantats. Le Parc d’Aiguestortes est avalé assez rapidement avec ses classiques turbulences sur les crêtes si affutées de Bessiberi. De quoi avoir de l’eau sous la quille pour sauter le Tunel de Vielha et envisager l’Aneto, pas trop mal enneigé par les chûtes de mai.
J’avais entendu à la radio que les pentes sud ne donnaient pas, c’est confirmé, mais je n’y perds pas vraiment et me faufile à 3000m au dessus du grand lac qui est à moité en glace, et, hélas, recouvert de sable du Sahara dont nous avons hérité cet hiver...


Les Posets sont déjà dans le rétroviseur, et je file vers la très longue crête calcaire qui conduit jusqu’au Mont Perdu. Le Duo est aussi dans le secteur, un peu plus en avant. Pas de surprises, c’est toujours très bon. Quand le Canyon d’Ordesa surgit sur ma gauche, l’émotion me gagne. C’est si loin de venir ici en voiture. On se sent vraiment minuscule dans cette coque de fibre de verre. Pourtant, c’est conçu pour voler, et bien voler. Le passage au sommet du Mont Perdu est aussi quelque chose, d’autant que juste un peu plus loin, je me retrouve au dessus de la Cascade de Gavarnie, en restant coté espagnol. Panorama unique, Vignemale, Cirque de Troumouse, Brèche, de Roland, le Taillon……Difficile de ne pas tenter les 500km, mais la raison l’emporte, la route est très longue pour revenir à La Llagonne…


J’opère donc un demi tour franc, et me mets de suite au travail pour le retour.En commençant par boire un bon demi litre d’eau. Ce retour vers l’Est sera une partie de plaisir, avec les mêmes ascendances mais beaucoup plus larges. Néanmoins, le choix d’un retour par la chaine Nord va me couter très cher. C’est le défaut de l’ASW15, sur certaine portions, il n’est pas possible de passer en une fois si les conditions sont mauvaises. Après Envalira que je passe à 3100m, Puymorens à 2900m, j’arrive péniblement au Punxo à 2500m sous l’épaule. Il y à du vent Nord, et je passe 20 minutes en pente avec des vautours qui ne montent pas eux non plus. La fatigue est là, mais il faut se battre. Rien n’y fait, je fais toutes les combes de la vallée du Carol, rien. Pour au final, finir à Alp à 1700m sous une chaleur étouffante. Aucun planeur, ils sont tous au championnat d’Espagne.

Je gratte comme un lion en hurlant car je ne veux absolument pas me poser ici après Gavarnie….Mais rien, sauf du 0 interminable. Je décide alors de jouer la dernière carte. Utiliser le peu de hauteur qu’il me reste pour aller au dessus du Golf en espérant LA pompe qui pourrait me sauver. Longue traversée, attentif au moindre mouvement du vario. Je finis par trouver quelque chose, que je centre à la perfection, et serre les dents, encore, et encore, et encore, épuisé. Un 0,5m/s, qui finira explosif à 3200m sous l’énorme cumulus.
Cap la Llagonne en ligne droite, pour passer le terrain à 2700m, je file même jusqu’à Formigueres puis revient faire retomber le stress au dessus du Lac de Matemale. Je me pose après 5h30 de vol, comblé, et un peu fier d’avoir pulvérisé tous les circuits que j’ai pu faire auparavant avec cette vielle machine…375km, de quoi finir totalement épuisé. Mais un bonheur peu descriptible, les photos ne peuvent donner qu’une brève impression de ce que l’on peut ressentir en réel…

Portez vous bien, voici le passage du Mont Perdu à voie en HD
https://www.youtube.com/watch?v=MFkm2JzZ_aE
Caresses et Bise à l’Oeil.
Patrack..