Pyrénées-Orientales – Bilan provisoire de la saison estivale 2022 : le mois de juin et l’Agly Fenouillèdes pour tendons d’Achille
Les premières tendances de la saison estivale 2022 se dessinent dans les Pyrénées-Orientales en termes de fréquentation. Ce vendredi 30 septembre 2022, elles ont été présentées au Conseil départemental par les chevilles ouvrières locales du tourisme.
« Il y a du bon dans les premiers résultats mais il existe des éléments structurellement sur lesquels il faut avoir une vigilance », a pointé la présidente du département des Pyrénées-Orientales, Hermeline Malherbe. « La saison touristique n’est pas terminée mais prometteuse », a ajouté la présidente de l’Agence de développement touristique (ADT) Aude Vivès. Comprendre, les premières tendances chiffrées du bilan de la saison estivale 2022 ont de quoi donner le sourire aux acteurs du tourisme local, sans pour autant leur faire baisser la garde. Si pour l’heure rien n’est figé (*) car, d’une part, la période concernée dans le département n’est pas encore achevée (elle s’étend jusqu’à octobre), et d’autre part, les résultats définitifs seront communiqués en mars 2023, tout porterait à croire qu’en dépit d’un retour important de la clientèle étrangère, le mois de juin n’attire pas encore assez son monde, et l’Agly Fenouillèdes séduit moins que d’autres zones géographiques.
Les excursionnistes de Catalogne sud en force
L’importance du tourisme est telle dans notre sphère globalisée, que ce secteur emploie une personne sur dix dans le monde, et fait figure de première économie dans les Pyrénées-Orientales avec l’agriculture. Le contexte sanitaire et géopolitique perturbé entre la Covid-19 et la guerre en Ukraine, et l’inflation du coût de l’énergie ne lui facilitent pas la tâche. Localement, les difficultés de recrutement et de professionnalisation des personnels en avant-saison perdurent, et par conséquent « 5000 postes ont été vacants pendant l’été. Les bras m’en tombent », a souligné Brice Sanac à la tête de l’UMIH 66. De plus, l’offre aérienne est revue à la baisse et le dérèglement climatique provoque de la sécheresse (et par ricochet des incendies) et des éboulements.
Si cet été (juin, juillet et août pour le moment) une hausse notable des nuitées (tout hébergement confondu) avec 14.5 millions décomptés (+ 2 millions par rapport à 2021 pour la haute saison, mais sans le tourisme infra-départemental) est relevée, le mois de juin révèle un coup de mou « et devra faire l’objet d’une attention particulière pour prévoir une offre plus adaptée, par référence au mois de septembre » d’après Aude Vivès. En comparaison avec l’année 2019, année phare et prospère pour le tourisme départemental, Perpignan (- 16 %), et les Aspres et le Conflent (- 8 %) ont été désertés pour les nuitées. La Vallée de l’Agly et le Fenouillèdes ont présenté une ambivalence : si en juin il y a eu – 19 % de nuitées, en août, les touristes étrangers ont totalement inversé la tendance (+ 52 %). En revanche, en juillet ces derniers ont rejoint les Pyrénées Catalanes (Cerdagne et Capcir + 96 %) et en août, les Albères et le Vallespir (+ 63 %)
Toujours en comparaison avec l’année 2019, – 4% de fréquentation sont à déplorer sur la population française et étrangère en juin. La disparité est évidente avec le mois de juillet (+ 19 %) et d’août (+ 16 %). En parallèle, les clientèles étrangères ont globalement refait le déplacement en terre sang et or, surtout les excursionnistes (**) de Catalogne sud (+ de 40 %), les touristes allemands en juin (21 %) et les touristes hollandais en juillet et août (19 %). Les touristes français, eux, viennent majoritairement de Haute-Garonne que ce soit en juin (8,2 %), comme en juillet et en août (6,7 %).

Marque et conciergerie
Pour Paul Bessoles, président de l’hôtellerie de plein air dans le département, cette saison pourrait être de celle des records avec « peut-être 6.5 millions de nuitées grâce à la redécouverte du camping par les Français durant la pandémie. Mais il faut continuer de progresser sur les demandes de permis car il est dur d’aménager dans des zones à risques. » Bertrand Foltran, directeur des Gîtes de France 66, a noté « + 19 % de volume d’affaires grâce à la montée en gamme des propriétaires, l’augmentation du panier moyen, le retour des étrangers, la flexibilité des réservations. L’attrait reste compliqué sur l’Agly Fenouillèdes et le coût énergétique, surtout avec l’arrivée de l’hiver, pourrait devenir un frein. » Brice Sanac, enfin, a milité pour un tourisme des quatre saisons à exploiter « dès le mois de juin avec la surveillance des plages notamment, et que septembre soit le pendant de juillet car nous démarrons la saison tambour battant mais la finissons de manière moins bonne. Ici, nous sommes climato-dépendants. Il faudrait fédérer autour du tourisme de loisirs. Il faudrait une marque avec une politique globale et faciliter la vie des touristes avec un outil numérique unique comme une conciergerie pour avoir à portée de main toutes les informations sur les restaurants, les trains… »