Pyrénées-Orientales : la carte originelle de notre Pays catalan dévoilée
Une carte du Pays catalan (ou de la Catalogne nord) retravaillée par le géographe Joan Becat vient d’être éditée par Terra Nostra. Un document détaillé qui se veut fidèle à ce qu’auraient dû être les noms des villages et les frontières de notre département, avec un peu plus de bon sens.
Changer le nom du département est le souhait de nombreux habitants attachés à leurs traditions et à leur culture. Cette initiative s’est même retrouvée sur le programme électoral de la majorité départementale. Simple promesse électorale? L’avenir le dira. En attendant, Joan Becat livre sa version (reposant sur des bases historiques) du Pays Catalan. Une carte (50×70) détaillée sur laquelle on peut voir chaque commune avec son nom d’origine. « Sur les 200 communes, seule une moitié est actuellement écrite correctement », précise Ramon Gual, historien et complice de Joan Becat. « Eus, Codalet, Fillols, Taurinya, pour ne citer qu’eux sont des villages qui ont réussi à garder leur nom d’origine. »
Vernet-les-Bains aurait pu devenir Aulnay-les-Bains
Et n’allez pas croire que ce sont les noms en catalan, « ce sont les noms d’origine qui ont été changés parfois de manière absurde par l’administration française. Ils ont pour la plupart une explication étymologique », précise l’historien. « Mantet est un exemple de ce non-sens. Le nom d’origine est Mentet qui signifie planté de menthe, pourquoi avoir remplacé le ‘e’ par un ‘a’? Autre exemple Vernet signifie planté de vern. Le vern en catalan et l’aulne en français, pourquoi ne pas l’avoir appelée Aulnay-les-Bains? » Une francisation des noms dans certains cas qui semble effectivement pour le moins aléatoire.
Calce aurait alors pu s’appeler pantalon et Prades (Prada) aurait dû s’appeler Prairie. Ramon Gual s’interroge encore : « Pourquoi avoir gardé Serdinya, Taurinya ou Valmanya et avoir transformé Perpinya en Perpignan? Cette carte a aussi été créée pour montrer que cette déformation des mots est due à une méconnaissance et à une bêtise administrative plutôt qu’à autre chose ». On remarquera aussi pêle-mêle, sur cette carte (parmi de nombreux détails) que les Fenouillèdes sont Occitans et ont été coupés en deux (moitié Aude, moitié Pyrénées-Orientales) par l’administration française ou que la Cerdagne est la seule entité à avoir été coupée en deux par le traité des Pyrénées.
« Le comble de l’absurdité est quand même l’enclave de Llivia, s’agace l’historien, une incompréhension qui s’est jouée sur un jeu de mots et qui sépare depuis plus de 300 ans des familles avec une frontière inutile ». Bref, une carte historique, haute en couleur, qui devrait en étonner plus d’un sur l’origine du nom de sa commune. Un document qui pourrait aussi être une allégorie des décisions prises dans une capitale parfois trop éloignée du terrain.