Une invasion de punaises de lit perturbe l’hébergement d’urgence dans les Pyrénées-Orientales
Depuis quelques semaines, les sans-abris sont plus nombreux à devoir dormir dans la rue, dans les Pyrénées-Orientales. Plusieurs centres d’hébergement ont dû réduire leur capacité d’accueil, pour lutter contre une invasion de punaises de lits. Selon une source interne, « jusqu’à 30% du parc aurait été indisponible ces dernières semaines« , soit une trentaine de lits sur cent. Ce chiffre n’est pas confirmé par les autorités.
D’après nos informations, le problème aurait démarré au centre d’hébergement d’urgence de la Croix-Rouge, sur le site du centre hospitalier de Perpignan. Puis il se serait propagé à deux autres structures gérées par l’association Solidarité Pyrénées : le CHRS mas Saint-Charles (proche du marché international Saint-Charles de Perpignan) et le foyer « Étape Solidarité », situé près de la gare de Céret.
Des milliers d’euros de traitement
Au centre d’hébergement de la Croix-Rouge, le directeur David Rogala reconnaît faire face à « un vrai problème sanitaire« . « C’est très compliqué d’éradiquer ces petites bêtes. Nous avons déjà fait appel à plusieurs sociétés spécialisées et dépensé des milliers d’euros. Tous les procédés ont été tentés, la vapeur, les produits chimiques, la cryogénisation, le calfeutrage…« . Mais le centre n’est toujours pas totalement débarrassé des punaises, et certaines chambres sont fermées pour traitement. « C_e mardi, cela représente une dizaine de lits indisponibles, sur un total de 70_ ».
« Ce n’est pas de gaîté de cœur que nous fermons des lits, cette décision est difficile à prendre« , reconnaît David Rogala, « mais nous n’avons pas le choix : nous devons pouvoir accueillir nos usagers dans des conditions dignes et irréprochables. Et donc éradiquer ce problème« . Quoiqu’il arrive, le directeur de la Croix-Rouge des Pyrénées-Orientales assure que tous les lits seront ouverts à l’arrivée du froid. Le plan hivernal devrait démarrer le 1er décembre.
Inquiétude des associations
Ces dernières semaines, plusieurs associations d’entraide des Pyrénées-Orientales disent avoir constaté davantage de sans-abris dormant dans la rue ou sous des abris de fortune. Selon plusieurs témoignages, les SDF doivent se soumettre à un turn-over dans les centres d’hébergement d’urgence. « Dernièrement, j’ai dû laisser ma place et passer quatre nuits dehors avant de pouvoir retrouver un lit« , raconte un SDF rencontré dans les rues de Perpignan.
« Nous comprenons la nécessité de fermer des chambres pour éradiquer les punaises« , estime un travailleur social qui souhaite rester anonyme, « mais en compensation, les autorités auraient dû ouvrir des lits dans d’autres structures. C’est de la responsabilité des services de l’Etat« .
« Je connais trois femmes qui dorment actuellement sous une tente à Perpignan, faute de place en structure d’accueil« , assure Fatouma Miloud-Hocine, la vice-présidente de l’association Au cœur de l’Humanité, « c’est une situation qui ne devrait pas exister« .
Selon nos informations, le jeune sans-abri de 20 ans décédé d’une overdose début octobre alors qu’il passait la nuit dans la rue, avait sollicité à plusieurs reprises une place en hébergement d’urgence dans les jours précédents. Sans succès. « Ce n’est pas le froid qui l’a tué, il a été rattrapé par son addiction« , lâche un travailleur social très touché par ce décès, « mais quand on dort dans la rue, on est plus vulnérable« .