Vous avez dit chasan ? Dans les Pyrénées-Orientales, un vin blanc réalisé avec un cépage rare

Alors que les premiers coups de sécateurs résonnent dans les vignes, il faudra attendre septembre pour vendanger le chasan au Mas Llossanes, à Marquixanes, à une demi-heure à l’ouest de Perpignan (Pyrénées-Orientales). Le chasan ? Un cépage finalement assez rare, peu connu, pas très utilisé – quelques centaines d’hectares en France tout au plus. Pour autant, ce n’est pas, comme le veut la mode du moment, un cépage ancien. En effet, à l’origine, il est le fruit d’un croisement entre deux cépages, le listan, cépage phare du sud de l’Espagne et du Jerez et le chardonnay, roi de la Champagne, de la Bourgogne et du Chablis.

Et c’est au célèbre ampélographe ( le nom que l’on donne aux spécialistes des cépages) Paul Truel que l’on doit cette création dans les années 1950. « C’est un cépage qui a été conseillé ici par la chambre d’agriculture dans les années 1980 pour les vignobles situés en altitude comme le nôtre, parce qu’il a les qualités pour donner de bons résultats et qu’il se récolte en même temps que les rouges, vers le 20 septembre », explique Solenn Génot, qui a repris le domaine avec son mari Dominique, en 2016.

Leur propriété compte un hectare de chasan, tout rond. Et finalement, avoir planté ce cépage-là dans les années 1990 était, avec le recul, une idée assez judicieuse dont les deux vignerons se sont saisis. « Il supporte bien les conditions qui sont les nôtres, avec la fraîcheur que confère l’altitude. » Ce qui est plus rare encore, c’est l’usage qu’ils en font. « Habituellement c’est un cépage qui vient en assemblage avec d’autres cépages mais nous avons décidé de le vinifier seul pour produire notre seule cuvée de vin blanc du domaine », explique encore Solenn Génot.

Enfin, il y a quand même un assemblage ! Pour tirer le meilleur des qualités du raisin, les deux vignerons vinifient la moitié du volume récolté en cuve et l’autre moitié en fût de chêne ayant déjà contenu du vin. Le tout pendant un an. « Puis nous assemblons les deux parties pour composer notre blanc, c’est une petite cuvée de 2000 bouteilles seulement. » Avec, au final « de l’amertume, de la vivacité » et un petit côté oxydatif laissé là en héritage par le listan de Jerez.